Déclaration du bureau de Solidaires Moselle réuni le 11 juillet 2022.
Au delà des luttes qui se développent dans certains secteurs, le résultat des récentes élections législatives, comme précédemment celui de la présidentielle, traduit le retour de la question sociale au cœur des préoccupations des votantes et votants. L'inflation est, bien au delà de cette seule expression électorale, le sujet numéro 1 de celles et ceux « qui ne sont rien », toujours ignoré.es et méprisé.es par l’Élysée. La hausse des prix est spéculative ; elle est liée à la constante recherche de hausse de leurs profits par les détenteurs de capital. Les solutions attendues et recherchées par la classe de celles et ceux qui tentent, eux, de vivre de leur seul travail, sont donc la hausse des salaires, des pensions de retraite et des minima sociaux, celle d’une redistribution plus juste de la richesse.
Ces élections confirment dans un contexte climatique préoccupant le lien établi entre urgences sociale et écologique, deux préoccupations majeures à Solidaires. Nous promouvons en effet les solutions collectives et partagées, gérées démocratiquement, des services publics et des biens communs et mettons en débat un autre modèle de développement qui préserve notre écosystème.
Le résultat des élections législatives corrobore l'absence d'adhésion au programme libéral autoritaire du président élu par défaut. Il se traduit dans le vote à gauche par une rupture avec le social-libéralisme. Ce résultat demeure inquiétant en raison de l'implantation croissante du vote d'extrême droite, singulièrement en Moselle, et des ressorts de rejet et de division du monde du travail qui lui sont liés (racisme, discriminations). Cette implantation se traduit désormais par un groupe à l’Assemblée nationale et une institutionnalisation – avec ses moyens – aidée par le parti présidentiel et la vieille droite. Notre département comprend aujourd’hui sur neuf députés trois élus du Rassemblement National. A Hayange, ville dirigée par le FN depuis 2014, le score du candidat RN aux législatives est très élevé (65% des exprimé.es, 22 % des inscrit.es). Pour Solidaires Moselle cette situation périlleuse ne peut décemment laisser indifférente toute personne attachée à la démocratie sociale. Si la destruction du lien social n’est sans doute pas pour rien dans cette progression, il nous faut déconstruire le discours d’affichage « social » mais trompeur du RN qui ne s’attaque surtout pas à la rémunération des actionnaires et autres propriétaires aisés de capital. Nous ne devons pas abandonner ces électeurs au RN et laisser l’extrême droite profiter de l’instabilité politique.
L'abstention massive en particulier chez les jeunes et dans les milieux populaires, accompagnée des votes blancs et nuls, demeure le principal marqueur de ces élections : 54 % des inscrit.es ne se sont pas exprimé.es lors des 1er et 2nd tours des élections législatives, 34 % au 2nd tour de l’élection présidentielle, 28 % lors de son 1er tour. Cette non participation doit inviter le mouvement social, nous inviter en tant qu’organisation syndicale, inviter chacune et chacun à réfléchir à notre responsabilité individuelle et collective et nous convaincre d’être ensemble à l’initiative. L’abstention de plus en plus élevée renvoie à la difficulté à développer et fédérer dans la rue nos luttes. Elles posent la question des moyens pour impliquer le plus grand nombre dans l’action collective. Chacune et chacun est confronté.e à la volonté rapace des propriétaires du Capital, à ses conséquences sur nos vies, socialement, écologiquement, encore plus qu’elle est appuyée depuis l’Élysée par des décisions politiques.
La saison n’est donc pas à la démobilisation sociale. Elle doit même redoubler pour ne pas laisser le terrain aux profiteurs de la désespérance sociale. Si les marges de manœuvre du président Macron sont rendues plus difficiles par le résultat des élections législatives, en dernier ressort c'est en nous mobilisant dans la rue et en nous préparant à bloquer la machine à profits du Capital (236 milliards supplémentaires engrangés en 19 mois par 43 milliardaires) que nous imposerons nos revendications, le « pouvoir de vivre », la redistribution des richesses, la priorité aux besoins communs, la prise en compte concomitante pour le mieux vivre commun et l’intérêt général des urgences sociale et écologique. Nos luttes sont pour l'instant éclatées ; elles doivent se fédérer.
Nous ne jouerons pas au chat et à la souris en attendant l'arme au pied que le président décide de son ordre de bataille contre nos intérêts. Face à un gouvernement qui, quoi qu’il en coûte, privilégie l’intérêt des possédants, nous refusons la pseudo loi de l’économie qui voudrait que les riches s’enrichissent toujours plus. Nous nous retrouvons dans le cadre de la campagne nationale de Solidaires intitulée « Partageons le travail » visant à « porter la discussion vers les salarié·es sur la finalité du travail et sur le partage des richesses actuel ». Nous décidons d'engager sans attendre la bataille des idées pour contrer les mensonges et autres manipulations qui voudraient nous convaincre qu'il y a nécessité de reculer l'âge légal de départ à la retraite à 65 ans et qui masquent un choix idéologique au détriment du plus grand nombre.
Le bureau de Solidaires Moselle défend l’idée de la mise en place de comités locaux, au plus proche de la population à l’instar notamment des ronds points occupés par les gilets jaunes, permettant d’irriguer le département d’un réseau large, ouvert et « citoyen » contre toutes les dégradations de notre système de retraites, en faveur de la retraite à 60 ans à taux plein avec un minimum de pension au niveau du SMIC s’appuyant sur un système de répartition fondé sur la cotisation sociale, défendant augmentation du salaire net et du salaire brut sans exonération de cotisations sociales au profit des actionnaires, revendiquant de nouveaux droits. Ce réseau facilitera et renforcera la mobilisation dans les entreprises et les services, et dans la rue. Il rendra vivante la mobilisation au-delà des manifestations et de la grève, contribuant à la fédérer également sur les places, devant les écoles, sur nos lieux de vie. Il doit nous permettre de gagner cette bataille. Soyons actifs et réactifs, montrons nous par la grève, dans la rue, sur les places.
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