17 Feb
« Vivre avec le virus » ?
Chronique d'un flop 

Jeudi 11 février, 18h45. A l'occasion de son point presse hebdomadaire, le ministre des Solidarités et de la Santé s'attarde sur la situation « inquiétante » en Moselle, avec « plus de 300 cas de mutations évocatrices des variants brésilien et sud-africain […] ces quatre derniers jours », des variants dont il a dit peu avant qu'ils pouvaient « occasionner des réinfections chez des personnes qui ont déjà été contaminées au Covid-19 ». 

Vendredi 12 février, 15h53, Olivier Véran, de passage en Moselle pour rencontrer notamment les élus locaux,  annonce 2.000 doses de vaccin Moderna en plus pour le département (soit 1000 vacciné.es de plus pour plus d'un million d'habitant.es ; 30.000 doses - complément Pfizer/BioNTech - ont depuis lors été annoncées), l'ouverture des centres de vaccination le week-end suivant, et plus de tests anti-Covid. Il repart sur Paris pour consulter le ministre de l’Éducation Nationale, le Premier Ministre et le Président de la République sur les demandes de confinement localisé, strict et court, ou de fermeture anticipée des écoles. Tout le monde comprend que le dernier mot viendra du sommet de l’État. 

Samedi 13 février, fin de matinée, c'est le Préfet représentant de l’État dans le département qui prend la parole. Ni confinement local ni même fermeture anticipée des écoles à une semaine des vacances scolaires comme l'ont fait nos voisins luxembourgeois, le gouvernement considère « excessive » (!) la fermeture des écoles dans le département, tout juste le Préfet annonce-t-il qu'avec le même protocole sanitaire, « dès qu’il y a une suspicion de cas positif, il s’agit possiblement d’un cas variant, la durée d’isolement passe de 7 à 10 jours ». Fermeture du ban, la consultation locale est censée avoir eu lieu. 

Pourtant les contaminations se poursuivent à l'école, les fermetures de classes ou d'établissements se multiplient à Metz, Forbach, Puttelange, Sarreguemines, Woippy, Villerupt ... Pire, le protocole sanitaire, déjà bien insuffisant, vient d'être discrètement assoupli (voir article du café pédagogique :  http://www.cafepedagogique.net ) : un cas variant anglais n'entraîne plus la fermeture de la classe. Les effectifs des classes sont toujours surchargés en collèges et écoles, rendant impossible les distanciations, ce qui n'empêche pas le gouvernement de programmer la suppression de 1800 postes dans le secondaire dont 129 dans notre académie. Dans le secteur de la santé, du médico-social et du social, la situation est plus que jamais tendue. Le nombre de soignants atteints du Covid au Centre hospitalier de Jury, établissement public de santé mentale, a explosé. 

Que veut dire « vivre avec le virus » ? 

Dans ces circonstances, chaque mosellane et mosellan aura été amené.e à réfléchir avec encore plus d'acuité à cette question à l'occasion de ce coup de projecteur sur le département. Après avoir déclaré la guerre au virus au début de l'épidémie sur le territoire métropolitain, pour le gouvernement les habitantes et habitants de ce pays doivent en effet apprendre à « vivre avec le virus »

Mais « vivre avec le virus », avec les retards d'une politique vaccinale dépendante des intérêts privés qui ont pourtant bien été soutenus par l'argent des États dans la recherche face au Covid, c'est ce mois de février accepter en moyenne au plan national 500 morts quotidiens. C'est également considérer que l'activité économique se résume à celle des grands groupes, au bénéfice essentiellement de leurs actionnaires, quand tout ce qui fait par ailleurs notre vie sociale est mis en veilleuse. C'est, en soumettant la santé à une logique financière irresponsable, ignorer la tension qui règne déjà à l'hôpital et sur ses personnels. C'est, en refusant leur gratuité, continuer de faire semblant que les masques sont un bien de consommation comme un autre quand ils apparaissent indispensables à freiner la propagation du virus et de ses variants. C'est, en invoquant les protocoles sanitaires, refuser de voir que ceux-ci comme à l'école nécessite des moyens qui continuent d'être refusés par les pouvoirs publics. C'est, en refusant de banaliser et réduire le temps de travail quand le couvre feu se généralise, exposer aux transports bondés celles et ceux qui se déplacent pour travailler. 

C'est bien de penser et édicter des règles pour « protéger la population », c'est mieux d'en vérifier la faisabilité sur le terrain, et pas simplement en passant quelques heures en réunions dans un département.

 

Selon la pétition « Brevets sur les vaccins anti-covid, stop. Réquisition ! » (https://www.wesign.it/fr/sante/brevets-sur-les-vaccins-anti-covid-stop-requisition-), « la vaccination est un moyen central pour enrayer la pandémie. Pourtant cette campagne piétine, le gouvernement et les pouvoirs publics ne sont pas en capacité de faire face aux besoins, par manque d’anticipation, mais surtout parce que les laboratoires pharmaceutiques se réservent la possibilité de faire de gigantesques profits grâce aux brevets sur les vaccins autorisés. »Brevets publics sur les vaccins, réquisition immédiate de toutes les entreprises en capacité de produire des vaccins, gratuité des masques, couverture intégrale du chômage partiel pour les salarié.es, refus des licenciements, réduction du temps de travail sans perte de salaire, les salarié.es ne doivent pas payer la crise sanitaire ! 
Nos vies valent plus que leurs profits !

Metz le 16 février 2021.

Lien vers le PDF : https://drive.google.com/file/d/1Vn3vC2nQk-RSnJyKcte7PoJVD07VDp30/view?usp=sharing

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