19 Apr
Situation sanitaire, sociale et économique : plus d’un an après le début de la pandémie, le pouvoir n’a rien appris

Au moment où nous fêtons les 150 ans de la Commune de Paris et  de ses aspirations démocratiques et sociales, le pouvoir en France s’enfonce dans sa dérive autoritaire. Plus que jamais, l’exercice du pouvoir s’incarne dans une minorité qui impose sa volonté à la majorité. Les intérêts financiers continuent de guider les choix de l’exécutif. 


Les indécisions de notre gouvernement, indécisions qui se sont accélérées ces dernières semaines,  indécisions de façade sont liées au poids déterminant dans nos institutions d’un seul homme, le président de la République, monarque élu tous les cinq ans. Difficile en effet de tracer un chemin entre des points presse hebdomadaires, des discours à la tribune de l’Assemblée nationale de premiers ministres et ministres, assemblée devant laquelle aucun véritable débat n’est ouvert, et des discours depuis le palais présidentiel. 

Pas de mea culpa ! 

Le Président de la République en exercice, parce que l’actuelle Constitution lui donne au final le dernier mot, n’admet aucun « mea culpa ». Il y a là quelque chose de l’infaillibilité papale, un dogme selon lequel le pape ne peut se tromper dans son pouvoir ordinaire et extraordinaire, un dogme défini en 1870 à la veille de la Commune de Paris.

Les personnels hospitaliers, de santé et du médico-social peuvent apprécier. Le 31 mars, Emmanuel Macron, avec un « nous » voulant l’absoudre de sa propre autorité pontifiante, déclarait : « Nous ne devons pas céder à la panique. Nous n'avons pas perdu le contrôle dans les services hospitaliers. Pour continuer à protéger la vie au présent, nous devons fournir un effort supplémentaire »... 

La réalité ? 75620 morts le 29 janvier lors de l'intervention de J. Castex devant l'Élysée, 95337 décès de la/du Covid le 31 mars lors de l’allocution présidentielle : entre fin janvier et fin mars, ce sont donc 20.000 morts de plus, soit + 26% en 2 mois ! Et toujours pas de mea culpa quand le président de l’Assemblée Nationale osait dire : « Un jour, [le président de la République] pourra briguer l’agrégation d’immunologie » ! Sans doute quelque chose du médiéval toucher royal pour guérir les écrouelles… 

Nous avons désormais franchi depuis le cap des 100.000 morts, le nombre de victimes de la campagne de France en 1940. Triste record, la Moselle est second département le plus endeuillé de France. Et les chiffres de cette implacable et tragique comptabilité continuent de monter : taux de positivité au coronavirus et ses variants (il approche les 10%), entrées à l’hôpital, admissions en réanimation, décès. La banalisation de ce bilan quotidien ajoute au sinistre de la situation, comme les déports de malades vers d’autres régions, les suicides, les reports d’opérations et de traitements du cancer. On pourrait y ajouter les risques routiers provoqués par le stress d’un « confinement » non appliqué au travail et ses contraintes horaires.

Les choix personnels du président sont un échec face à l’épidémie. 

L’impuissance du docteur Macron !

Le président protégerait l’économie de notre pays ? Il prétend organiser sa « résistance » ? Depuis novembre 2020, le PIB français se situe de façon chronique à 5 % en dessous de son niveau d’il y a un an. 320 200 emplois ont été détruits dans le secteur privé sur un an en 2020, quand les employeurs ne recourent pas à des contrats à la semaine pour remplacer les personnels absents. Pas de quoi se projeter dans l’avenir !

Encore une fois les choix du président de la République sont un échec. Gestion en mode capitaliste, aujourd’hui de la crise sanitaire, comme hier en 1929 de la crise financière… voilà plutôt la comparaison qui  vient à l’esprit.

Plus grave, les choix présidentiels laissent notre vie sociale en souffrance, entre parenthèses, amputée depuis des mois, une pseudo-vie. Communication à coups de protocoles inapplicables, de mesures de restriction sans fin, d'asphyxie du petit commerce, de la restauration et de la culture, de dépendance vis à vis des firmes pharmaceutiques … voilà ce qui définit dans la réalité de nos vies l’illusion présidentielle d’une vie avec le virus. 

Les mesures gouvernementales seraient meilleures pour notre moral qu’un confinement strict de quelques semaines ? Là est bien le problème : à croire tout savoir, tout comprendre tout seul, les décisions élyséennes se succèdent sans cohérence, sans perspective visible de sortie du tunnel. Oubli de ce qui nous émancipe, singulièrement la culture... 

Le 31 mars, jour de l’allocution présidentielle, notre syndicat de la santé, du social et du médico-social communiquait : « Face à ce désastre politique et sanitaire, la Fédération SUD Santé sociaux ne voit pas comment un confinement strict pourrait être plus longtemps évité, faute de casser les soignant.e.s et de laisser l’hôpital public s’effondrer. Elle entend aussi les syndicats enseignants qui alertent sur le fait que les écoles vont se fermer d’elles-mêmes, les unes après les autres, à leur grand désarroi. » Depuis les écoles ont fermé, encore une fois dans la précipitation, sans préparation pour accompagner élèves et professeur.e.s dans un enseignement « à distance ».

Nous devons reprendre en main nos vies ! 

Mais Sud Santé Sociaux de prévenir ce même 31 mars : « ce confinement doit être conditionné à une véritable reprise en main du système de santé ». Et ajoutons de nos vies. 

En  effet, la gestion aux bénéfices des intérêts du Capital par ce gouvernement a oublié toutes les solutions alternatives qui auraient pu éviter, à la sortie du confinement, l’explosion des contaminations, au-delà des seuls et indispensables « gestes barrières ». Pas de créations pérennes de lits d’hôpitaux, pas de levée des brevets sur les vaccins pour en faire un bien public mondial et nous rendre maître de la politique vaccinale, pas de réquisitions d’entreprises pour les produire, pas de dédoublement des classes, pas de moyens – insuffisance en matériel et soutien - pour accompagner le télétravail et les télétravailleuses et télétravailleurs, pas de réduction et de banalisation du temps de travail pour organiser la rotation des équipes.

Pas question pour ce président et son gouvernement aux ordres d’accepter de débattre et envisager, quand la situation sanitaire les y autorise encore, des solutions alternatives qui ne viendraient pas du seul bureau présidentiel. C’est cette succession devenue totalement incompréhensible de décisions à hue et à dia prises par un homme seul qui nous conduit dans l’impasse.

Nous refusons que la priorité soit donnée à la rente des actionnaires sur notre santé et nos vies. Produire pour enrichir la rente des propriétaires du Capital, est-ce vivre ? Serait-ce aujourd’hui la seule et incontournable condition de notre survie ? Est-ce que nos vies se résument à travailler et à consommer ? Est-ce qu’elles nous condamnent face aux menaces pandémiques à un autocontrôle permanent sans maîtrise de ce qui nous est extérieur ?  

150 ans plus tard, souvenons nous de la Commune de Paris et de ses leçons ! 

Alors qu’approche le 1er mai, journée internationale de lutte des travailleuses et travailleurs, la Commune nous a prouvé que, si nous avions une utilité, elle était collective et dans l'entraide, non dans la "reconnaissance" "offerte" par un employeur (fût-il même public) dans un rapport de sujétion. Notre "contrat" de travail ne doit pas nous conduire à nous assujettir et à favoriser l'accumulation de profits à notre dépens, encore plus en période de crise sanitaire qui ébranle la solidarité de la communauté humaine. À l'opposé de l'exploitation capitaliste de notre travail, d'une "existence" réduite à sa "vente" sur le "marché" du travail, elle nous invite à faire communauté humaine par la force des liens solidaires que nous tissons entre nous au-delà des intérêts mercantiles et particuliers ! 

Lien vers le PDF : https://drive.google.com/file/d/1mXf1HuFfCX6n03K5sCu1zQWizH2y48j7/view?usp=sharing

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