30 May
30May

Réquisitions, socialisations : chiche !

L'Union syndicale  SUD  Industrie,  aux côtés de la fédération SUD Santé-Sociaux et de SUD Chimie, a interpellé le patronat et le gouvernement dès mi-mars sur  la question  des  masques  (et  plus généralement sur  les  capacités  industrielles en France) et du matériel médical indispensable : gels, respirateurs, bouteilles d'oxygènes,  anesthésiques, médicaments ou encore les tests. Bien décidé à poursuivre sa manière de faire sans se préoccuper de nos alertes et revendications, le gouvernement est responsable de la situation qui s'est produite. La combinaison de la casse des services publics de santé à celle de l'industrie en France – mais aussi en Europe, surtout sur l'aspect « capacités de production » – est à l'origine de la situation tragique vécue. On pourrait également  en dire  beaucoup  sur  les  mensonges d'État, l'incurie du gouvernement sur les mesures de protection et dune grande partie du patronat qui n'a pensé qu'à relancer l'économie pour les bénéfices et non les services et produits indispensables à la population.



Dans nos secteurs industriels,  notamment  l'agro-alimentaire ou la logistique, les salariés ont démontré leurs rôles dans la satisfaction des besoins essentiels de la population. Ce sont bien les salariés qui permettent la création de valeur, de richesses, ces « héros du quotidien » – une belle formulée imaginée par le patronat. En effet, « un héros » ne réclame pas d'augmentation  de  salaires  ou  de meilleures conditions de travail, contrairement aux salariés : mais il a bien des ennemis par contre. La crise sanitaire et économique doit nous faire réfléchir à la reconquête industrielle et sociale : c'est un secteur clé, qu'il convient de re-développer largement,  en  permettant  des productions locales importantes... sous contrôle des travailleurs-ses et de la population. C'est  ce  qu'on  appelle  la socialisation !




L’organisation du travail… et des salarié-e-s !

Durant la période que nous vivons, les commentateurs en tout genre sont nombreux. Chacun a son avis miracle pour régler la crise sanitaire et économique, chacun y va de sa solution, de son idéologie à vendre ou de sa recette. Il ne suffit pourtant pas d'avoir raison ou de développer une analyse intéressante, encore faut-il revenir à la priorité numéro une dans la période : celle de s'organiser, d'organiser les salariés, dans le mouvement syndical. Et de lutte !

Des initiatives, parfois intéressantes, fleurissent sur l'après-confinement. Il y a pourtant fort à parier que l'urgence, pour des millions de salarié-e-s et précaires, sera l'emploi : celui à garder, celui à retrouver (pour les intérimaires, CDD) et faire face aux suppressions d'emplois et fermetures annoncées.

Pour l'Union syndicale SUD Industrie, c'est cette priorité qui doit reconduire le mouvement syndical et ouvrier à réfléchir à l'objectif d'un syndicalisme de lutte : 


celui d'organiser les salariés, et comme le disait la Charte d'Amiens, sans se soucier de l'agenda des organisations politiques et/ou religieuses.

Pour changer l'organisation du travail, d'un point de vue économique et des méthodes, pas besoin d'experts ou de « représentants » auto-proclamés, qui n'ont jamais fait du syndicalisme ou animé une section : ce sont aux salarié-e-s de s'organiser, de décider, et de construire leurs cahiers revendicatifs et stratégies. 

« Les jours heureux » que nous continuons de bâtir au quotidien, pour changer la vie « ici et maintenant » ne pourront pas se faire par celles et ceux qui veulent parler à la place des salariés depuis des années.

Alors profitons du déconfinement pour rappeler un principe : « puisque personne ne travaille à ta place, que personne ne décide à ta place ». Et rien de mieux que le syndicat SUD pour ça !


MOUVEMENT OUVRIER

Le documentaire de Stan Neumann (4 épisodes d’une heure chacun), d’esprit libertaire, montre sur plus de deux siècles les combats et la culture de la classe ouvrière sans caricature, ni discours idéologique assommant avec de belles images d’illustrations et animations. Il mélange témoins ouvriers et intellectuels (dont Robert Kosmann qui parle de la transgression à l’usine avec la perruque !) avec des historiens de plusieurs nationalités qui rendent le récit très vivant, parfois même émouvant. On regrette cependant l’absence du prolétariat des colonies et la prédiction de la « disparition » de la classe ouvrière, mais cela reste un bel outil pour se familiariser ou approfondir ses connaissances sur l’histoire ouvrière, en particulier sur des événements d’autres pays européens parfois moins connus.


PROCHAIN CONGRES

L’Union syndicale SUD Industrie tiendra son prochain congrès les 28 et 29 mai 2020. Initialement prévu à Toulon et co-organisé par SUD Industrie 83, nous avons pris la décision de maintenir la partie statutaire - obligatoire - et certaines résolutions par visioconférence. En effet, la crise sanitaire ne peut pas arrêter le temps démocratique ni le militantisme, et il nous semblait important de bousculer également l’ordre du jour. Les débats porteront donc essentiellement sur nos réponses à la crise sanitaire, économique et sociale. Comment allier protection des salariés, modification des organisations de travail, défense des emplois, reconquête & reconstruction industrielle et sociale, sous le prisme d’un syndicalisme de transformation sociale ? (tentatives) de réponses au prochain numéro !


GRÈVE ILLIMITÉE CHEZ NISSAN EN CATALOGNE


L’usine Nissan de Montcada i Reixac près de Barcelone est en grève depuis le lundi 4 mai. C’est une usine de près de 300 salariés qui fabrique notamment des pièces pour les pick up . La reprise de la production avait été fixée ce jour pour répondre à une commande de Mercedes pour qui un véhicule utilitaire était produit dans l’usine. Tous les syndicats appellent à la grève, notamment les « commissions ouvrières » qui soutiennent une orientation générale d’adaptation à la crise, et la CGT, en Catalogne, d’orientation anarcho-syndicaliste.


La grève impacte maintenant directement le fonctionnement de la grande usine Nissan de la zone de libre échange de Barcelone. Dans cette usine qui emploie plus de 3.000 personnes, y sont produits les véhicules utilitaires de la gamme Nissan. L’intégration entre outils de production de Nissan et Renault laisse prévoir des prochains problèmes d'approvisionnement aussi pour les usines Renault.  Plus de 600 suppressions d’emplois avaient déjà été planifiées par Nissan dans les deux usines de la région de Barcelone.

En fait les motifs de la grève sont une réponse aux choix de l’alliance Renault Nissan engagée dans une plan global de restructurations. Celui-ci a pour but de restaurer les profits des deux firmes afin de solder les comptes du patron escroc Ghosn sur le dos des salariés. L’amplification de la crise consécutive à l’épidémie mondiale du coronavirus ne peut qu’aggraver les mesures déjà envisagées et préparées depuis le début de l’année. L’alliance Renault Nissan discute d’une nouvelle répartition des rôles entre chaque firme, chacune devant être désignée comme leader, ou même laissée seule à opérer dans une zone géographique ou un domaine technique. La décision de Renault de cesser ses activités de production de voitures essence ou diesel, en Chine, est la conséquence de cette nouvelle politique. Et pour Nissan la conséquence pourrait être un abandon de l’Europe pour concentrer la marque en dehors du Japon sur la Chine et les États-Unis.


C’est pourquoi les menaces qui pèsent sur les implantations industrielles de Nissan en Espagne sont dans ce contexte très sérieuses. Avec aussi des conséquences en France où des voitures Nissan sont assemblées à l’usine de Flins.

La grève dans cette usine de Montcada i Reixac après plusieurs semaines de confinement, pourtant a priori peu propices à la discussion collective nécessaire, est un signe d'une résistance ouvrière maintenue. Cette grève est une première riposte aux décisions et plans des nouveaux dirigeants de l’alliance Renault - Nissan. Elle nous montre la voie à suivre.


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